dimanche 4 octobre 2020

Sensibilisation à la grossesse extra-utérine GEU

Grossesse extra-utérine pas toujours détecté à temps





Comme quoi les choses n'ont pas changé en 15 ans . 

C'est pourquoi c'est important d'en parler pour informer et sensibiliser car trop peu de gens connaissent , même parmis les femmes enceintes ou non. 









Article de 20 minutes 



Avant tout je tiens à présenter mes sincères condoléances aux familles des victimes . 





J'ai vécu la même chose avec une issue beaucoup moins dramatique entre la naissance de mes 2 aînés ( il y a 15 ans maintenant ) .

Une GEU qui n'a pas été détecté de suite, malgré plusieurs passages à l'hôpital et des douleurs atroces . 


Je vous raconte mon expérience, alors oui ça va être un peu long , un roman même ( je me souviens de tout dans les moindres détails) , mais c'est pour bien faire comprendre qu'une partie du personnel soignant quel qu'il soit ( généraliste, urgentiste, gynécologue, sage femme, infirmière en gynécologie) n'est pas du tout sensibiliser à ça, que la grossesse extra utérine ( GEU ) n'est vraiment pas la première chose qui leur vient à l'esprit ( mais je pensais que les choses c'était arrangé depuis ) . 

Fort heureusement dans la majorité des cas la GEU est très vite identifiée et n'a donc pas de conséquences tragiques . 




Mon expérience avec la GEU en 2005 

Dans mon cas qui date de 2005 vous verrez que si il n'y avait pas eu ma voisine et son médecin généraliste, je ne serais peut être plus la aujourd'hui.

Enceinte de quelques semaines , j'ai commencé un dimanche à ressentir quelques douleurs au ventre et des pertes de sang. Je me suis donc rendu aux urgences gynécologue, après une échographie abdominale on me dit que c'est une fausse couche et que je peux rentrer chez moi.
Je dois faire une prise de sang le lundi matin et ça s'arrête à ça. 


En allant faire ma prise de sang, je vais même annuler mon prochain rendez-vous chez mon gynécologue, on me demande pourquoi et on me dit " c'est des choses qui arrive " .

Je me rappelle aussi que le jeudi en fin d'après-midi, j'ai été chez mon généraliste pour la visite mensuelle de mon ainé, il m'a dit vous avez pas l'air trop bien, vous êtes blanche, mais ça doit être la fatigue et la déception, ça va passer.

Puis dans la soirée du jeudi, début des douleurs et d'une sensation de malaise général.
Après quelques heures de douleurs affreuses ,  je me dit il faut que j'aille aux urgences, je n'en peux plus. C'était en pleine nuit, j'avais l'impression qu'on me mettait des coups de poignard sous les côtes, je ne me voyais pas conduire. Du coup je réveille mon conjoint, on est obligé de réveiller une voisine pour garder mon ainé qui avait 16 mois à l'époque . 



Passage aux urgences : 


On arrive aux urgences, on me demande de m'allonger, mais je leur dit que je ne peux pas, que c'est affreux quand je suis allongé. On me palpe à peine le ventre et puis on me dit en gros " que c'est dans ma tête " , que je n'ai rien et qu'en plus je n'y met pas du mien en ne voulant pas m'allonger. On me donne un calmant et on me renvoie à la maison, je ne suis pas médecin, je leur fait confiance et je m'en veux car j'ai dérangé plein de monde en pleine nuit.
Le reste de la nuit se passe plutôt mieux , mais en position assise sur le canapé, toujours impossible de m'allonger, je me sens même assez bien "comme sur un nuage" grâce au cachet qu'ils m'ont donné et surtout grâce à l'atténuation de la douleur .

Le lendemain matin, même si je me sens un peu mieux, c'est pas le top. Et la encore j'ai l'impression de déranger tout le monde, mais je dis à mon conjoint je ne me sens pas capable d'aller travailler, mais je ne me sens pas capable non plus de garder le petit , "il faut que tu appelles la nounou pour lui déposer" ( il commence plutôt que moi, d'habitude il ne gère pas ça, et pareil pour la nounou qu'il l'a que 2 heures plus tard normalement ) , ce n'est pas du tout mon genre, moi qui d'habitude dès que j'ai une journée de repos je le garde avec moi.

Puis vers 11 heures en me levant , j'ai comme un trou noir , je ne vois plus rien pendant quelques secondes et des bruits bizarres dans mes oreilles .
J'appelle ma voisine qui me dit : "viens à la maison tout de suite ."
Elle a fait venir son médecin généraliste qui nous a dit : " je ne sais pas ce que vous avez mais ce n'est pas normal " , il a dit à ma voisine vous l'emmenez aux urgences et ils la gardent tant qu'ils ne trouvent pas ce qu'elle a ou qu'elle aille mieux et il nous confie un courrier à leur donner leur expliquant cela .
Elle lui parle de grossesse extra utérine( perso je ne savais même pas ce que c'était à cette époque la) , car elle en a déjà fait une, il lui dit je ne pense pas que ce soit ça, ils l'auraient déjà vu à l'hôpital depuis dimanche.



Le périple au service gynécologique : 

On arrive aux urgences, on nous dit : nous on l'a déjà vu cette nuit , ça ne nous concerne pas , au pire aller aux urgences gynécologiques. "
J'ai à nouveau des douleurs affreuses, comme des coups de poignards , c'est atroce debout mais alors en position assise c'est encore pire.

On monte au service gynécologique, qui à la base ne voulait pas s'occuper de nous non plus, pour eux ce n'était pas gynécologique puisque j'avais fait une fausse couche quelques jours plutôt, je n'avais plus de raison d'être dans leur service .

Bon on nous laisse patienter, puis au bout de quelques temps on m'envoie faire une prise de sang, on nous dit de retourner en salle d'attente, mais on est déjà là depuis plus de 2 heures .


Je ne me sens vraiment pas bien, je ne sais pas dans qu'elle position me mettre, personne ne s'occupe de nous, on nous laisse déambuler dans les couloirs. Et comme je n'ai rien mangé et rien bu depuis la veille au midi , ma voisine décide d'aller au distributeur et de me rapporter une canette de coca. Et la quand une infirmière passe elle se fait incendiée : " Vous vous rendez compte si jamais on devait l'operer ".


C'est la que ma voisine s'est un peu énervée : " ça fait maintenant plus de 3 heures qu'on est la, vous n'avez rien fait, vous nous laissez faire des allers-retours entre le labo et divers services, vous dites qu'elle n'a rien, alors il faudrait savoir, maintenant je vais devoir y aller car j'ai mes enfants à récupérer à l'école, mais je la laisse et vous devez la prendre en charge " . 

Si elle n'avait pas fait cela je ne suis pas sûr qu'on ce serait occupé de moi.
Moi perso je n'etais pas en état de réfléchir ou de m'inquiéter, j'étais obsédée par la douleur. 

On m'a alors mis dans une chambre et j'ai reçu des antalgiques sous perfusion , ce qui a été très efficace et m'a très vite soulagé.
C'était la première fois depuis des heures que je me sentais bien , je ne sais pas ce qu'ils mont donné mais j'étais ailleurs, dans un autre monde ... Mais à part ça, ça ne les inquiéter toujours pas.

Heureusement après avoir récupéré ses enfants à l'école et mon fils chez la nounou,  ma voisine après avoir prévenu mon conjoint a rappelé son généraliste pour qu'il voit avec l'hôpital ce qu'il en était ( et elle lui a redit vous êtes sûr que ça ne pas être une GEU) .

Quand ce dernier a appellé le service gynécologie et leur a demandé ce qu'ils m'avaient trouvé, ils ont dit rien de spécial , ( forcément ils n'ont pas chercher, ils m'ont rien fait à part une prise de sang et mis sous antalgique et pour cause pour eux c'était juste psychologique ) ... 




Enfin la prise en charge : 

C'est là qu'il a évoqué avec eux une possibilité de GEU, et la tout c'est accéléré...
 
J'ai vu arriver plusieurs personnes dans la chambre, on m'a dit on vous emmène faire une écho, et la on m'emmène dans un fauteuil et on me fait une écho abdominale et une écho pelvienne .
Je les vois qui se regardent entre eux, on me dit : " Bougez pas, on revient, mais à partir de maintenant vous ne mettez plus un pied par terre " . 
Ils reviennent avec un brancard et le gynéco me dit : " On va être obligé de vous opérer en urgence dans les heures à venir, vous avez une grosse hémorragie interne et une grossesse extra utérine, je vais essayer de sauver votre trompe mais ce n'est pas gagné. "
En temps normal je me serais effondrée, j'aurais pleuré , mais la sous l'effet de l'épuisement et des sédatifs ( qui y ont joué pour beaucoup je pense ) , ça ne m'a fait ni chaud, ni froid, je ne savais pas ce qui m'attendait mais ça ne m'inquietait pas plus que ça ( contrairement à mon tempérament habituel ) .

Je me suis retrouvée quelques heures plus tard, dans la nuit du vendredi au samedi en salle de réveil , branchée de partout.
Quelques longues minutes plus tard, le gynéco est venu me voir pour m'expliquer qu'il n'avait pas pu sauver ma trompe qui était vraiment trop abîmée, que j'avais perdue énormément de sang et que j'avais eu de la chance ( la chance, c'est façon de parler , c'est sa version à lui car c'est quand même le même gynéco que j'avais vu le dimanche précèdent et qui m'avait dit que c'était une simple fausse couche ) car si il n'avait pas opéré en urgence je n'aurais pas survécu bien longtemps .

On m'a ensuite transféré en réanimation ou je suis restée 2 jours, au début j'étais branché de partout, avec des perfusions, une sonde urinaire et on a finit par me transfuser 2 poches de sang.

C'est une histoire qui est derrière moi maintenant mais qui aurait pu être dramatique avec une issue tragique.



Pourquoi ça n'a pas été détecté plus tôt ? 

Comme tout c'est passé dans le même hôpital , que j'ai vu plusieurs personnes et que j'ai étais dans plusieurs services, il y a eu une enquête interne pour savoir pourquoi j'avais fait plusieurs visites et dans divers services et que personne n'a jamais soupçonné cette GEU .
Finalement on nous a dit qu'il y a tellement de monde qui passe aux urgences en hurlant alors qu'ils n'ont pas grand chose et que vu ce que j'avais, j'aurais dû me tordre de douleur et hurler, ce que je n'ai pas fait, je suis resté assez calme en disant seulement que je ne voulais pas m'allonger que c'était horrible, mais je n'ai pas crier, je ne me suis pas énerver, donc ils ne pouvaient pas deviner...





Tout ça pour conclure qu'une partie du personnel soignant quelque soit sa spécialité ( généraliste, urgentiste, gynécologue, sage femme, infirmière en gynécologie) ne pense pas toujours au premier abord à une grossesse extra utérine  et ceux malgré des douleurs abdominales chez une femme enceinte.
Dans mon cas si il n'y avait pas eu ma voisine ( et son médecin traitant aussi) , que je peux vraiment remercier, qui avait déjà vécu cette situation, je ne serais peut être plus la aujourd'hui. 

Bon ce n'est pas non plus une généralité puisqu'en France environ 2% des grossesses sont dites extra-utérine ( source le journal des Femmes ) , et la plupart du temps heureusement ça se termine bien. 

Vous pouvez retrouver ici l'article très bien fait du Journal des Femmes : GEU, comment la détecter 





Les grossesses suivantes : 

Après pour mes grossesses suivantes, j'étais beaucoup plus surveillé puisque j'avais des antécédents de GEU, donc même si j'en avais fait une autre cela aurait été moins risqué de passer à côté du diagnostic.
Déjà dès que je savais que j'étais enceinte, il fallait que j'aille faire 2 prises de sang à 48 heures d'intervalle pour vérifier que le taux des hormones augmentent significativement ( doublement du taux normalement ) * .
J'avais également le droit à une échographie précoce ( écho abdominale et pelvienne)

* En début de la grossesse , cette hormone augmente régulièrement .
Deux dosages successifs effectués à 48 heures d'intervalle , et qui montrent un taux identique de cette hormone , alors qu'elle augmente en cas de bon déroulement de la grossesse , peut signifier la probabilité d'une grossesse extra-utérine ."


Bon après ces grossesses ne se sont pas toutes bien passées, mais c'est un autre sujet et une autre problématique ( des fausses couches, vous pouvez retrouver mon article ici



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